Diagnostic prénatal Activité des laboratoires de cytogénétique

Pour l’année 2023, 21 837 fœtus ont été prélevés pour réalisation d’examens de cytogénétique (caryotype et/ou analyse chromosomique sur puce à ADN (ACPA)) quel que soit le type de prélèvement.

Ce chiffre est augmentation comparativement à l’année 2022 (+5,2%) suggérant un accroissement des situations nécessitant la réalisation d’un examen de cytogénétique (figure DPN4) : on observe notamment une augmentation de +5,4% pour les prélèvements de liquides amniotiques et de +4,6% pour les villosités choriales.

L’amniocentèse reste en 2023 la modalité de prélèvement la plus fréquente. Elle est réalisée pour 71% des examens de cytogénétique, alors que la biopsie de villosités choriales est réalisée dans 27,6% des cas, le prélèvement de sang fœtal représentant 0,4% des prélèvements (tableau DPN9).

En 2023, 13 434 fœtus ont eu un examen du caryotype à partir d’un prélèvement invasif. La diminution du nombre de fœtus ayant bénéficié d’un caryotype est un phénomène observé depuis plusieurs années dans un contexte général de diminution du nombre de naissances (tableau DPN1), mais aussi d’une augmentation parallèle importante du nombre de fœtus bénéficiant d’une ACPA sans caryotype (figures DPN3 et DPN4).

En effet, 38,5% des fœtus ont bénéficié d’un examen par ACPA non assorti d’un caryotype en 2023, contre 33,5% et 29,7% respectivement en 2022 et 2021. En 2023, un examen par ACPA est pratiqué dans 66,6% des examens de cytogénétique prénatale.

Cette diminution du nombre de caryotypes associée à une augmentation des ACPA sans caryotype pourrait être expliquée par l’amélioration du parcours de soin des femmes enceintes (meilleure organisation du dépistage) et surtout par une évolution des pratiques des laboratoires qui ne réalisent plus de caryotype systématique devant un signe d’appel échographique, mais uniquement une analyse ACPA pratiquée sur un prélèvement invasif.

 

Figure DPN3. Evolution du nombre de fœtus ayant bénéficié d'un examen de caryotypes de 2013 à 2023 (1)(2)
Figure DPN4. Nombre de fœtus ayant bénéficié d'un examen de cytogénétique en fonction du type d'examen de 2019 à 2023(1)
Tableau DPN9. Evolution des différents modes de prélèvements pour la réalisation des examens de cytogénétique de 2019 à 2023(1)

Les résultats présentés dans ce chapitre regroupent les informations transmises pour les fœtus pour lesquels un examen de caryotype a été réalisé, accompagné ou non d’une ACPA. Les ACPA réalisées seules sont exclues et font l’objet d’un chapitre particulier.

Les tableaux DPN10, DPN11, DPN12 et DPN13 résument l’ensemble des anomalies chromosomiques diagnostiquées par caryotype fœtal et selon les indications depuis 2019.

Pour l’année 2023, la diminution du nombre de caryotypes réalisés (-2.7% comparativement à l’année 2022) s’accompagne d’une diminution du nombre d’anomalies diagnostiquées (-4% comparativement à l’année 2022), et certaines tendances sont observées :

  • Ces deux diminutions (nombre de caryotypes réalisés et nombre d’anomalies diagnostiquées par le caryotype) sont cependant associées à une augmentation de +5,4% des prélèvements invasifs pour 2023, confirmant l’évolution des pratiques des laboratoires qui s’orientent vers d’autres analyses pour le diagnostic des anomalies chromosomiques (ACPA notamment) (tableau DPN10).
  • Les données 2023 montrent une stabilisation du pourcentage des caryotypes réalisés pour l’indication de dépistage positif sur ADNlc (9,1% en 2023), après une montée en charge de cette indication depuis 2019 ; de plus, l’indication « Marqueurs sériques avec risque ≥1/50 » augmente chaque année depuis 2019 et rend compte en 2023 de plus de 17% des caryotypes réalisés. Ces deux indicateurs sont donc le reflet de la mise en place progressive et efficiente de la stratégie de dépistage de la trisomie 21 instaurée en 2019 (tableau DPN11).
  • Les données confirment la diminution progressive des pourcentages de caryotypes réalisés pour les indications « signes d’appel échographique » (43% en 2023 versus 46% en 2019) et « clarté nucale ≥3,5 mm » (11,6% en 2023 versus 13,1% en 2019), suggérant l’utilisation d’autres techniques pour réaliser ces diagnostics (ACPA) (tableau DPN11). Cette tendance se confirme avec la diminution parallèle du pourcentage d’anomalies déséquilibrées identifiées par caryotype pour ces indications (tableau DPN11).
  • La fréquence des anomalies chromosomiques déséquilibrées diagnostiquées rapportées au nombre de caryotypes réalisés quelle que soit l’indication semble se stabiliser avec 27,4% en 2023 (27,6% et 23,1% respectivement en 2022 et 2019). Le meilleur rendement diagnostique du caryotype est associé à l’indication « dépistage positif d’aneuploïdies sur ADNlc » qui est de 75,7% en 2023, suivie par l’indication « Clarté nucale ≥3,5 mm avant 13SA (hygroma inclus) » qui continue d’augmenter avec 54,3% en 2023 (versus 53,2% en 2022 et 43,6% en 2019), ces indicateurs révèlent l’évolution de la performance de la stratégie de dépistage de la trisomie 21 et continueront d’être évalués et suivis dans le temps (tableau DPN13).

Concernant la trisomie 21, on observe cette année une légère augmentation du nombre absolu de trisomies 21 diagnostiquées : 2 017 pour 2023 versus 1 971 en 2022. Ainsi, le taux de diagnostics de trisomie 21 réalisés par caryotype fœtal comparativement au nombre de fœtus avec caryotype rendu a augmenté en 2023 (15% correspondant aux 2 017 trisomies 21 pour 13 434 fœtus analysés) comparativement aux années précédentes (taux observé de 14,3% en 2022 et 2021) (tableau DPN14). Cette augmentation peut être expliquée par l’amélioration continue du parcours de soin du dépistage de la trisomie 21 depuis 2019.

En 2023, 41,2% des diagnostics de trisomie 21 ont été posés à la suite d’une biopsie de villosités choriales (figure DPN5), c’est-à-dire très précoce ; cette proportion traduit principalement la part des trisomies 21 dépistées par des anomalies échographiques. Ce chiffre semble avoir atteint un plateau (40,6% en 2022 et 40,8% en 2021- données non présentées).

L’évolution du nombre de trisomies 21 selon l’indication présentée dans la figure DPN6 depuis 2019 montre que la proportion des trisomies 21 diagnostiquées pour l’indication de signe d’appel échographique est en diminution en 2023 comparativement à 2022 (41,4% pour 835 sur 2017 trisomies 21 en 2023 versus 43,7% pour 862 sur 1971 trisomies 21 en 2022), tandis que la proportion de trisomies 21 diagnostiquées pour l’indication de marqueurs sériques avec risque ≥1/50 est augmentée (18,5% en 2023 versus 15,9% en 2022) (tableau DPN15). Ces observations traduisent l’augmentation régulière et efficace du dépistage de la trisomie 21 chez les femmes enceintes.

Concernant les trisomies 13 et 18, elles sont en très grande majorité diagnostiquées sur signes d’appel échographiques, leur nombre absolu (autour de 900 au total par an) est assez stable, et plus de la moitié des diagnostics sont réalisés sur villosités choriales donc au 1er trimestre de la grossesse. Il est à noter que la proportion de trisomies 13 et 18 dépistées par ADNlc a régulièrement augmenté depuis 2019 (respectivement 14,9 % et 19,1 % en 2023 contre 7,2 % et 12,3 % en 2019), traduisant l’impact de l’extension du dépistage aux trisomies autres que la trisomie 21 (tableau DPN15 et figure DPN5).

Le nombre de cas de syndrome de Turner et syndromes associés diagnostiqués en prénatal est variable au fil des années (tableau DPN10). Plus de 90 % d’entre eux sont repérés sur signes d’appel échographiques dont près de la moitié avec une clarté nucale supérieure à 3,5 mm (tableau DPN15).

La diminution du nombre d’anomalies chromosomiques a priori équilibrées identifiées en prénatal (tableau DPN10) depuis 2019 rend compte de la diminution du nombre de prélèvements invasifs en vue de l’établissement du caryotype fœtal ainsi qu’au recours plus fréquent à l’ACPA sans caryotype associé lors de signes d’appel échographique.

Les résultats du caryotype en fonction du dépistage d’aneuploïdies sur ADNlc indiquent qu’en 2023, 727 des 838 ADNlc positifs pour la trisomie 21 ont été confirmés par l’analyse du caryotype fœtal, soit 86,7% (tableau DPN16) ; pour rappel le taux de confirmation atteignait 85,8% en 2022 et 82,5% en 2021). Dans 11,7% des cas, le résultat du caryotype fœtal ne confirme pas le diagnostic, soulignant l’importance de la réalisation d’un diagnostic prénatal invasif de confirmation du dépistage utilisant l’ADNlc, tout en notant une nette amélioration de ce taux depuis 2019 (19,8%, 13,3% respectivement en 2019 et 2022). Cet indicateur continuera d’être suivi.

Les données présentées dans le tableau DPN16 montrent également l’existence de faux négatifs et en 2023, 4 examens de l’ADNlc sont rapportés négatifs, alors que le résultat du caryotype fœtal établit le diagnostic de trisomie 21.

Concernant le diagnostic de la trisomie 21, 59,6% des caryotypes réalisés pour un « dépistage positif d’aneuploïdie sur ADNlc » ont identifié la présence d’une trisomie 21 fœtale ; ce taux est bien supérieur pour les grossesses singletons (62%) que pour les grossesses multiples (32,3%) (tableau DPN14). L’évolution de cet indicateur fera l’objet d’un suivi.

Il est intéressant de noter qu’en 2023, 73%, soit 954 des 1 307 caryotypes réalisés pour un « dépistage positif d’aneuploïdie sur ADNlc », ont montré la présence d’une anomalie chromosomique fœtale déséquilibrée. En comparaison, 54,3% des caryotypes réalisés dans le cas d’une clarté nucale ≥3,5mm avant 13SA, 22,2% des signes d’appel échographiques (hors CN≥3,5MM) et 19% des marqueurs sériques seuls avec risque >1/50 aboutissent à l’identification d’une anomalie chromosomique déséquilibrée (tableau DPN15).

 

Tableau DPN10. Anomalies chromosomiques diagnostiquées par caryotype fœtal de 2019 à 2023(1)(2)
Figure DPN5. Fréquence des modes de prélèvements selon les anomalies diagnostiquées en 2023
Tableau DPN11. Evolution de la répartition des caryotypes selon l'indication du prélèvement de 2019 à 2023(1)(2)
Tableau DPN12. Evolution de la répartition des diagnostics par caryotype d'anomalies déséquilibrées selon l'indication du prélèvement de 2019 à 2023(1)(2)
Tableau DPN13. Evolution de la fréquence des anomalies déséquilibrées diagnostiquées rapportée au nombre de caryotypes réalisé par indication de 2019 à 2023(1)(2)
Tableau DPN14. Evolution de la fréquence des trisomies 21 diagnostiquées rapportées au nombre de caryotype selon l'indication de 2019 à 2023(1)(2)
Tableau DPN15. Evolution de la répartition des principales indications selon le type d'anomalies fœtales diagnostiquées par caryotype de 2019 à 2023(1)(2)
Figure DPN6. Evolution du nombre de trisomies 21 diagnostiquées selon l'indication de 2019 à 2023
Tableau DPN16. Evolution du résultat du caryotype en fonction du résultat du dépistage d'aneuploïdies sur ADN fœtal libre circulant dans le sang maternel de 2019 à 2023(1)(2)

Les données de l’ACPA en France pour l’année 2023 montrent qu’une augmentation continue de l’utilisation de l’ACPA en prénatal est observée depuis 2019 avec 14 562 examens en 2023 contre 13 375 examens en 2022 et 13 030 en 2021. Depuis 2019, une ACPA est réalisée, seule ou associée à un caryotype, dans deux tiers des examens prescrits en cytogénétique prénatale (figure DPN4).

La part des ACPA réalisées sans caryotype associé est en nette augmentation (+20,7%) comparativement à 2022 et vient notamment combler la diminution observée du nombre de caryotypes sans ACPA associée réalisés en prénatal.

Cette utilisation s’inscrit majoritairement, à ce jour, dans le cadre d’un signe d’appel échographique (71,9% des ACPA réalisées). Il est à noter que contrairement au caryotype, cet examen, en cours d’évaluation par la Haute Autorité de Santé (HAS), n’est pas à la nomenclature des actes de biologie médicale pour cette indication alors que son utilisation en situation prénatale s’est largement renforcée depuis plusieurs années. L’intérêt de cet examen est d’identifier des anomalies chromosomiques de petite taille non décelables par le caryotype.

Les résultats de 14 562 ACPA réalisés en 2023 sont présentés dans le tableau DPN17. Le taux d’anomalies pathogènes diagnostiquées en 2023 est de 6,8% (n=986) toutes indications confondues. De plus, 0,6% des examens effectués aboutissent à l’identification d’un variant de signification inconnue (VSI).

En 2022, il avait été constaté une diminution du nombre d’anomalies chromosomiques identifiées au caryotype, et notamment du nombre de trisomies 21 en nombre absolu. Pour expliquer cette baisse de 10% observée dans un contexte d’amélioration du dépistage de la trisomie 21, une des hypothèses évoquées serait une sous-estimation du nombre réel de ces anomalies compte tenu d’une modification des pratiques. En effet, il est observé une augmentation du nombre d’analyses ACPA sans caryotype associé qui permettrait l’identification d’anomalies sans validation par le caryotype. Pour valider cette hypothèse, le recueil du type d’anomalies observées par l’analyse d’ACPA a été ajoutée pour l’année 2023. Les résultats préliminaires ont montré que, parmi les 14 562 ACPA réalisées en 2023, 8 403 ACPA ont été réalisées sans caryotype associé, et que parmi celles-ci, 385 présentaient une anomalie pathogène : l’analyse détaillée de ces anomalies a permis d’identifier 25 trisomies 21, 28 trisomies 18, 1 trisomie 13, 29 syndromes de Turner et syndromes associés, 6 syndromes de Klinefelter et syndromes associés, 20 triploïdies et tétraploïdies et 273 autres anomalies pathogènes (résultats non présentés). Ces premiers résultats montrent que le diagnostic d’anomalies chromosomiques est réalisé soit par le caryotype soit par la technique ACPA. Ces indicateurs seront analysés précisément dans les années à venir, notamment pour évaluer les données épidémiologiques concernant la trisomie 21. Des travaux seront menés dans le cadre de groupe de travail de l’Agence de la biomédecine pour une proposition de bonnes pratiques en la matière.

Concernant les autres indications, dans le cas de signes d’appel échographiques hors clarté nucale ≥3,5mm, une anomalie pathogène est identifiée dans 6,4% et un VSI dans 0,6% des fœtus étudiés. L’observation d’une clarté nucale ≥3,5mm avant 13 SA est associée à la découverte d’une anomalie pathogène dans 10% des cas. Un nombre limité d’ACPA est réalisé à la suite d’un dépistage par ADNlc positif (n=273) ou non exploitable (n=20), permettant le diagnostic d’une anomalie chromosomique dans respectivement 20,9% et 5,3% des cas.

Tableau DPN17. Résultat des ACPA selon l'indication en 2023(1)