Cette troisième année de recueil des données individuelles des centres pour la partie AMP du DPI a permis de renseigner la plupart des items de façon plus homogène et par conséquent d’harmoniser les différents indicateurs permettant de présenter une analyse globale de l’activité pour la France entière. Une présentation individuelle sera fournie sous la forme de fiches régionales pour chacun des centres.
Le DPI est une démarche qui nécessite le recours à la conception d’embryons in vitro. Plusieurs étapes relatives à l’AMP et au diagnostic génétique sur l’embryon sont donc nécessaires avant le transfert d'un embryon indemne de la maladie.
L’évaluation des résultats de l’activité biologique de DPI (génétique moléculaire, cytogénétique) doit prendre en compte les étapes préalables qui vont conditionner le nombre d’embryons disponibles pour effectuer le diagnostic biologique. Les tentatives d’AMP incluent les possibilités de congélation/vitrification à différentes étapes de la démarche (Figure DPI4).
Considérant l’activité globale en 2023 (Tableau DPI10), 345 enfants sont nés vivants (issus de 334 accouchements) à la suite d’un DPI versus 369 enfants en 2022 (issus de 361 accouchements) soit une diminution de 6,5 % du nombre d’enfants nés vivants (-7,5% d’accouchements). Si l’on compare ces résultats à l’année 2019 (année précédant la crise sanitaire), le nombre d’enfants nés vivants augmente de +10,9 % (pour 311 enfants nés vivants en 2019).
Le nombre d’enfants nés vivants en 2022 a été le plus important depuis la mise en place du DPI en France.
Il a été noté dans le chapitre précédent que le nombre total de demandes de DPI en 2023, avait légèrement diminué (- 3,9% par rapport à 2022). En ce qui concerne les tentatives d’AMP, l’activité globale en 2023 se stabilise, après une année 2022 de nette augmentation comparativement aux années précédentes, indiquant une reprise de l’activité post pandémie à un taux supérieur à l’année 2019. Les pratiques de tentatives AMP continuent d’évoluer avec une proportion de plus en plus importante des tentatives d’AMP pour DPI avec transfert d’embryons congelés comparativement aux tentatives d’AMP avec transfert immédiat ou transfert mixte (Figures DPI6 et DPI8).
Parmi les activités de DPI mises en œuvre, les informations concernant les tentatives d’AMP par décongélations d’ovocytes pour transfert immédiat d’embryons ou transfert d’embryons congelés sont recueillies depuis l’activité de 2021. Le suivi de ces indicateurs permettra d’évaluer l’évolution de cette pratique dans les années à venir, notamment dans le cadre de l’augmentation importante de la congélation des embryons (Tableau DPI10).
Le tableau DPI11 montre la répartition des résultats de ponctions en vue d’un transfert immédiat ou d’un transfert d’embryons congelés en fonction de l’âge des femmes (au moment de la ponction ovocytaire) pour l’année 2023. Les résultats montrent une prépondérance de la classe d’âge 30-34 ans pour ces deux activités, avec des taux d’implantation après transfert d’embryons frais supérieurs pour cette classe d’âge comparativement aux autres groupes. Le détail du nombre d’accouchements en fonction de la classe d’âge est également présenté. Ces nouveaux indicateurs feront l’objet d’un suivi et seront discutés en groupe de travail avec les professionnels du DPI.
Les éléments concernant les tentatives de DPI selon les techniques et par centre sont résumés dans les Tableaux DPI12 et DPI13.
En fonction des centres réalisant le DPI, il est observé des variations reflétant des différences de pratiques : pour exemple, le pourcentage du nombre de cycles débutés comparativement au nombre de cycles programmés varie de 86,5 % à 99,7 % selon les centres et ce compte tenu de pratiques différentes concernant le recueil des dates de programmation des cycles (Tableau DPI13).
Les données d’activité d’AMP pour réalisation de DPI se répartissent en :
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Tentatives d’AMP pour DPI avec transfert immédiat d’embryons ou transfert mixte (embryons frais et congelés) (Figures DPI5 et DPI6, Tableaux DPI14 et DPI15) : en 2023, 1 069 couples ont été pris en charge et 82 accouchements ont été rapportés avec 87 enfants nés vivants. En 2022, 1 081 couples ont été pris en charge et 98 accouchements ont été rapportés avec 103 enfants nés vivants. En 2019, on notait pour 957 couples, 130 accouchements avec 143 enfants nés vivants. Soit en 2023, une diminution de -36,9% du nombre d’accouchements par rapport à 2019 (année de référence) et -16,3% par rapport à 2022.
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Tentatives d’AMP pour DPI avec transfert exclusif d’embryons congelés (Figure DPI8, Tableaux DPI18, DPI19 et DPI20) : Pour l’année 2023, 721 couples ont été pris en charge et 250 accouchements ont été rapportés avec 256 enfants nés vivants. En 2022, on notait 725 couples pris en charge et 261 accouchements avec 264 enfants nés vivants, soit en 2023 une légère diminution (-3%) du nombre d’enfants nés vivants. En 2019, on notait pour 591 couples, 157 accouchements avec 168 enfants nés vivants, soit une augmentation de +59,2% du nombre d’accouchements par rapport à cette année 2019 de référence.
Toutes tentatives confondues, les données globales font donc état d’une stabilisation du nombre de couples ayant bénéficié d'une tentative de DPI en 2023 (avec 1 790 couples pris en charge en 2023 vs 1 813 couples en 2022). Comparativement à l’année 2019 d’avant pandémie, l’augmentation du nombre de couples pris en charge pour DPI est de +15,6 % (1 548 couples en 2019) (Figures DPI6 et DPI8).
Le taux d’accouchement rapporté au nombre de transferts en 2023 est de 26,4 % pour les transferts frais et mixtes (82 accouchements pour 311 transferts, Tableau DPI15) et 28,9 % pour les transferts exclusifs d’embryons congelés (250 accouchements pour 866 transferts, Figure DPI8).
Le taux de transfert embryonnaire dépend également du taux d’embryons obtenus et indemnes de la maladie. Avec 48 % ce taux est plus élevé pour les maladies monogéniques (DPI génétique moléculaire) que pour les anomalies chromosomiques (DPI cytogénétique) (31,7 %) (Tableau DPI16).
Le nombre total d’accouchements a diminué par rapport à l’année précédente (-,7,7 %, 334 accouchements en 2023 versus 362 en 2022). Cette évolution fait suite à une forte progression du nombre total d’accouchements observé en 2021 (+25 %). Par ailleurs, le nombre de naissances constaté en 2022 (369) est le plus important depuis le recueil des données de DPI.
Les indicateurs présentés dépendent largement des pratiques développées par les centres pour optimiser l’ensemble du processus.
Si le nombre de ponctions ovocytaires se stabilise cette année de +0,8 % (1 301 ponctions en 2023 versus 1 291 en 2022), le nombre de ces ponctions réalisées en vue d’un transfert immédiat et mixte (ponctions hors freeze-all) tend à diminuer depuis 2019 (Figure DPI6 – 614 versus 712).
Parallèlement, on observe que la pratique du freeze-all continue de progresser, comme pour l’activité globale d’AMP. Cette méthode consiste en la congélation de la totalité de la cohorte embryonnaire obtenue pour un transfert ultérieur d’embryons. En 2023, il a été réalisé 674 ponctions suivies de freeze-all soit 51,8 % de la totalité des ponctions au niveau national, ainsi que 13 ponctions suivies de la congélation de la totalité de la cohorte ovocytaire (Tableau DPI14).
Pour rappel, cette pratique de freeze all représentait en 2022, 2021 et 2019, respectivement 48,7 %, 41,5 % et 38,6 % de la totalité des ponctions au niveau national. La réalisation de freeze-all en DPI est donc en constante augmentation depuis 5 années. Cet indicateur continuera d’être suivi dans les années à venir.
Le déploiement du freeze-all s’accompagne naturellement d’une augmentation importante de l’activité globale des transferts d’embryons congelés au cours de ces dernières années. Le nombre de décongélations d’embryons induites en nette augmentation (+35 % - 964 versus 714 décongélations) entre 2021 et 2022 continue de progresser (+ 1,7 % en 2023 – 981 décongélations). Parmi les éléments permettant d’expliquer la nette progression de cette pratique, on peut évoquer la meilleure maîtrise de la vitrification et l’amélioration organisationnelle des étapes du DPI (Figure DPI8).
Selon les pratiques, les embryons peuvent être congelés avant ou après la réalisation de la biopsie de cellules qui vise à réaliser de diagnostic génétique.
On constate que les tentatives d’AMP pour DPI avec transfert d’embryons congelés sont majoritairement réalisées à partir d’embryons congelés après la biopsie (Figure DPI7). Les embryons congelés après la biopsie et indemnes de la maladie recherchée seront ensuite décongelés, puis transférés, et parfois recongelés (Figure DPI4). Le tableau DPI18 montre l’évolution de cette activité depuis 2019 caractérisée par une stabilisation en 2023 suite à une augmentation régulière du nombre de couples pris en charge, du nombre de transferts d’embryons congelés et de grossesses échographiques, avec un pourcentage de grossesses par transferts qui atteint un taux de 30,2% en 2023.
En ce qui concerne les tentatives d’AMP pour DPI avec transfert d’embryons congelés avant la biopsie, le parcours des embryons est plus complexe : comme montré dans la Figure DPI4, les embryons congelés avant la biopsie (1243 au total pour l’année 2023, Tableau DPI16) vont subir une décongélation afin de réaliser la biopsie et le diagnostic génétique. Certains embryons peuvent être recongelés avant l’obtention de ce résultat génétique (sans connaissance du statut), tandis que les embryons diagnostiqués et indemnes obtenus peuvent être directement transférés ou bien recongelés à ce stade (Tableau DPI18 ; Figure DPI4).
Le nombre de recongélations répertoriées cette année se stabilise (n=170) après une nette augmentation observée entre 2021 et 2022 avec 169 embryons recongelés versus 57 embryons recongelés en 2021 (Tableau DPI20). Il est à noter que le statut précis des embryons recongelés n’est pas toujours connu, certains centres réalisant des recongélations d’embryons après la biopsie (embryons biopsiés), après le diagnostic (embryons diagnostiqués) ou bien indemnes de la maladie.
Ces embryons reprendront ensuite le parcours évoqué plus haut des embryons congelés après biopsie, ce qui limite le suivi spécifique de ces embryons ayant subi deux congélations et deux décongélations, et ainsi ne permet pas d’en tirer des conséquences en termes d’impact sur le devenir de ces embryons.
Cette pratique est principalement réalisée par 2 centres de DPI sur les 5 centres autorisés, une amélioration du recueil pourrait être envisagée afin de mieux évaluer cette pratique dans les centres de DPI.
En conséquence, certains indicateurs concernant les embryons congelés avant la biopsie sont donc à interpréter avec prudence.
Au total, le nombre de transferts d’embryons congelés augmente annuellement : +3,2 % par rapport à l’année précédente (866 en 2023 vs 839 en 2022) et de 45 % par rapport à l’année de référence 2019 (597 en 2019) (Figure DPI8).
