Assistance médicale à la procréation Autoconservation médicale des gamètes, embryons et tissus germinaux

Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d'altérer la fertilité ou dont la fertilité risque d'être prématurément altérée peut bénéficier du recueil ou du prélèvement et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux[1]. L’objectif de cette conservation est de permettre la réalisation ultérieure, d'une assistance médicale à la procréation, en vue de la préservation ou de la restauration de sa fertilité ou en vue du rétablissement d'une fonction hormonale. La greffe de tissus germinaux est rendue possible. Elle a 2 finalités : la restauration de la fonction hormonale et la restauration de la fertilité. 

Ces activités[2] sont réalisées dans des centres clinico-biologiques d’AMP spécifiquement autorisés (58 centres ont réalisé des conservations de spermatozoïdes, 55 d’ovocytes, 21 de tissus testiculaires et 33 de tissus ovariens).

Elles sont décrites à partir des données figurant dans les rapports annuels d’activité de données agrégées de ces centres (cf. Matériel et méthodes ).

Recueil, prélèvement et conservation : en hausse de 13 % par rapport à 2022 et de 89 % par rapport à 2020[3]

Au total, au 31 décembre 2023, 122038 patients[4] disposaient de gamètes ou de tissus germinaux conservés. Les principaux résultats de 2023 sont les suivants :

  • Spermatozoïdes : augmentation de 12 % de l’activité de conservation de spermatozoïdes, par rapport à 2022 (et de 77 % par rapport à 2020) Le recueil et la conservation des spermatozoïdes avant une vasectomie est déclarée par les centres dans la catégorie « autoconservation pour raison médicale » par certains et « autoconservation pour raison non médicale » par d’autres. Au regard du grand nombre de vasectomies réalisées chaque année[5], on peut supposer qu’une grande partie des conservations de spermatozoïdes le sont pour cette indication. Cela pourrait expliquer l’écart du nombre de conservations entre hommes et femmes (2 fois plus de conservations de spermatozoïdes que d’ovocytes pour raison médicale).

  • Tissus testiculaires : stabilité du nombre de conservations (146 patients) 

  • Ovocytes : Augmentation de 15 % de l’activité de conservation des ovocytes (et de 143 % par rapport à 2020) 

  • Tissus ovariens : stabilité des conservations (367), dont 43% concernent des mineures et 24% des fillettes < 12 ans.

 

Utilisation des gamètes et tissus germinaux : en hausse de 35 % par rapport à 2022 et multiplié par 2 par rapport à 2020[6]

L’utilisation des gamètes et/ou des tissus germinaux conservés pour raison médicale reste quantitativement limitée en 2023 (tableaux AMP82 AMP83 et AMP85) :

  • Certains patients, encore très jeunes, ne sont pas encore en situation de faire une demande de restauration de la fertilité, d’autres n’ont pas encore de projet parental. 

  • Les techniques de préservation et de restauration de la fertilité ne sont pas toutes stabilisées, d’autres techniques sont encore expérimentales, sans application clinique en 2023 (tissu testiculaire chez le garçon pré-pubère). 

  • Dans certains cas, la fertilité n’a pas été altérée par la pathologie et ses traitements et il n’est pas nécessaire de recourir à l’utilisation des gamètes préalablement conservés.

  • Spermatozoïdes : augmentation de 34 % de leur utilisation par rapport à 2022 et de 183 % par rapport à 202. 414 enfants sont nés en 2023.

  • Ovocytes : augmentation de 48 % de l’utilisation des ovocytes par rapport à 2022 (multiplié par 5,5 par rapport à 2020). 87 enfants sont nés en 2023. Le taux de naissance vivante par tentative est stable (15%)

  • Tissus ovariens : 29 greffes réalisées (stable), dont 7 dont la finalité principale est de restaurer une fonction hormonale mais pas forcément une fertilité. Sept enfants nés en 2023.

Certaines informations ne sont pas connues : les raisons médicales ayant mené au recueil, au prélèvement et à la conservation des gamètes et tissus germinaux (manque d’exhaustivité pour les indications féminines et parce qu’elles n’étaient pas encore colligées pour les indications masculines)


 


[1]Article L.2141-11 du Code de la santé publique

[2] Le terme de « préservation de la fertilité » a été volontairement supprimé du présent rapport, car il ne décrivait pas suffisamment les techniques réalisées et il laissait entendre qu’il y aurait une garantie de succès, ce qui n’est pas le cas.

[3] Toutes activités confondues : gamètes et tissus germinaux

[4] Ce nombre surestime le nombre de patients : un patient qui bénéficie d’une conservation de gamètes, de tissus germinaux et/ ou des embryons sera comptabilisé deux fois.

[5]Etude Epi-Phare sur les données 2022 : 15 fois plus de vasectomies en 12 ans : de 1940 vasectomies en 2010 à 30 288 en 2022 (total 109 544 en 13 ans). 6,8% des hommes ayant eu recours à la vasectomie ont effectué une conservation préalable de leurs spermatozoïdes.

[6]Toutes activités confondues : gamètes et tissus germinaux

 

Tableau AMP81. Autonconservation médicale : conservation de gamètes et de tissus germinaux en 2023

Conservation et utilisation de spermatozoïdes

Tableau AMP82. Conservation et utilisation en AMP de spermatozoïdes conservés dans le cadre de la préservation de la fertilité

Conservation et utilisation d'ovocytes

Tableau AMP83. Conservation et utilisation en AMP d'ovocytes conservés dans le cadre de la préservation de la fertilité

Conservation autologue de tissus testiculaires

Tableau AMP84. Conservation autologue de tissus testiculaires en vue de préserver la fertilité de 2020 à 2023

Conservation autologue de tissus ovocytaires

Tableau AMP85. Conservation autologue de tissus ovariens en vue de préserver la fertilité de 2020 à 2023