Assistance médicale à la procréation Techniques particulières

Les techniques présentées dans ce paragraphe sont l’éclosion assistée, l’IMSI, la maturation in vitro (MIV) et les cycles naturels. En l’absence d’études scientifiques randomisées portant sur de grands effectifs, les publications ont apporté des informations à ce jour encore non concluantes[27], ne permettant pas de préciser les indications pour lesquelles ces techniques pourraient confirmer leur utilité clinique.

  • L’éclosion assistée consiste à créer une ouverture dans la zone pellucide entourant l'embryon pour faciliter son implantation. Cette technique est recommandée pour les femmes âgées ou celles ayant eu des échecs répétés de FIV, mais les résultats concernant son efficacité sont mitigés, avec des études montrant peu de différences significatives dans les taux d'implantation et de grossesse [28],[29].
  • L'IMSI, qui permet de sélectionner les spermatozoïdes de meilleure qualité morphologique pour l'injection, a montré des améliorations potentielles dans les résultats cliniques. Cependant, les données actuelles sont insuffisantes pour fournir des recommandations claires et des études supplémentaires sont nécessaires[30].
  • La MIV permet de maturer les ovocytes immatures en laboratoire avant la fécondation, ce qui est particulièrement utile pour les femmes à risque d'hyperstimulation ovarienne. Bien que prometteuse, cette technique présente des taux de succès généralement inférieurs par rapport à la FIV conventionnelle et nécessite des recherches supplémentaires pour optimiser les protocoles et évaluer la sécurité à long terme[31].
  • Les cycles « naturels », où les ovocytes sont prélevés sans stimulation hormonale, offrent une approche moins invasive. Cependant, cette méthode est souvent associée à des taux de succès plus faibles et nécessite également des études pour confirmer son utilité clinique[32].

[27]  Regular (ICSI) versus ultra-high magnification (IMSI) sperm selection for assisted reproduction, Teixeira DM, Hadyme Miyague A, Barbosa MA, Navarro PA, Raine-Fenning N, Nastri CO, Martins WP.Cochrane Database Syst Rev. 2020 Feb 21;2(2):CD010167. doi: 10.1002/14651858.CD010167.pub3.

[28] Curfs MHJM, Cohlen BJ, Slappendel EJ, Schoot DC, Derhaag JG, van Golde RJT, van der Heijden GW, Baart EB, Smeenk JMJ, Ritfeld VEEG, Brohet RM, van Bavel CCAW. A multicentre double-blinded randomized controlled trial on the efficacy of laser-assisted hatching in patients with repeated implantation failure undergoing IVF or ICSI. Hum Reprod. 2023 Oct 3;38(10):1952-1960. doi: 10.1093/humrep/dead173.

[29] Hammadeh ME, Fischer-Hammadeh C, Ali KR. Assisted hatching in assisted reproduction: a state of the art. J Assist Reprod Genet. 2011 Feb;28(2):119-28. doi: 10.1007/s10815-010-9495-3.

[30] Mangoli E, Khalili MA, Talebi AR, Agha-Rahimi A, Soleimani M, Faramarzi A, Pourentezari M. IMSI procedure improves clinical outcomes and embryo morphokinetics in patients with different aetiologies of male infertility. Andrologia. 2019 Sep;51(8):e13340. doi: 10.1111/and.13340.

[31] Glatthorn HN, Decherney A. The efficacy of add-ons: selected IVF "add-on" procedures and future directions. J Assist Reprod Genet. 2022 Mar;39(3):581-589. doi: 10.1007/s10815-022-02410-6.

[32] M. J. Pelinck, A. Hoek, A. H. M. Simons, M. J. Heineman, Efficacy of natural cycle IVF: a review of the literature, Human Reproduction Update, Volume 8, Issue 2, 1 March 2002, Pages 129–139, https://doi.org/10.1093/humupd/8.2.129.

Tableau AMP86. AMP issue de techniques particulières : part des tentatives réalisées en France en 2022

En 2022, l’IMSI a été utilisée au cours de 2 830 tentatives d’ICSI dans 31 centres, représentant environ 6,8 % des ICSI réalisées. Bien que le nombre de centres pratiquant cette méthode ait diminué ,36 centres en 2019, l'utilisation de l'IMSI demeure stable.

En 2022, un total de 4 851 tentatives de transfert d'embryons frais ou décongelés ont été effectuées, avec des taux d'accouchement de 20,1 % pour les ICSI et 21,6 % pour les TEC (tableau AMP89). L'utilisation de l'IMSI a conduit donc à la naissance de 902 enfants, un chiffre inférieur aux 1 041 naissances enregistrées en 2019 et aux 1 004 naissances en 2021 (tableau AMP90), soit une baisse respective de 13,3 % et 10,2 % (tableau AMP90).

Ces résultats doivent être interprétés en tenant compte du contexte de l’infertilité pour lequel l’IMSI a été réalisée, cette technique, lourde et coûteuse, pouvant être utilisée dans des situations d’échecs antérieurs répétés ; ou en première intention en cas de perturbation de la morphologie spermatique (tératospermie).

Tableau AMP87. AMP avec IMSI : Répartition des centres ayant pratiqué cette technique selon leur activité de 2019 à 2022
Tableau AMP88. AMP avec IMSI : répartition de l'âge des femmes à la ponction de 2019 à 2022
Tableau AMP89. AMP avec IMSI : grossesses, issues de grossesses et accouchements selon la technique de 2019 à 2022
Tableau AMP90. AMP avec IMSI : issues d'accouchements de 2019 à 2022

En 2022, l’éclosion assistée a été utilisée au cours de 879 transferts : 92 après FIV hors ICSI, 201 après ICSI, et 586 après TEC. L’utilisation de l’éclosion assistée a fortement diminué par rapport à l’année précédente de 70,2% (92 vs. 309 en 2021) après FIV, de 69,2% (201 vs. 652 en 2021) après ICSI et de 48% après TEC (586 vs 1127 en 2021). Ces transferts ont permis la naissance de 205 enfants (tableau AMP94). Les taux d’accouchement par transfert sont respectivement de 9,8%, 22,9% et 24,6% après FIV, ICSI et TEC (tableau AMP93).

 

Tableau AMP91. AMP avec éclosion assistée : Répartition des centres ayant pratiqué cette technique selon leur activité de 2019 à 2022
Tableau AMP92. AMP avec éclosion assistée : répartition de l'âge des femmes à la ponction de 2019 à 2022
Tableau AMP93. AMP avec éclosion assistée : grossesses, issues de grossesses et accouchements selon la technique de 2019 à 2022
Tableau AMP94. AMP avec éclosion assistée : issues d'accouchements de 2019 à 2022

Elle consiste à prélever des ovocytes immatures au cours de cycles stimulés ou faiblement stimulés. La MIV réalisée en laboratoire peut aboutir, lorsque les ovocytes ont atteint le stade métaphase II, à une ICSI ou une cryoconservation. Proposée dans certaines pathologies ovariennes (SOPK), dans l’objectif de prévenir les effets de l’hyperstimulation ovarienne et du déclenchement, ainsi que dans le cadre de la préservation de la fertilité, elle se heurte à une maîtrise encore insuffisante des conditions de la maturation ovocytaire in vitro. En raison de ses faibles résultats, son utilisation reste limitée, avec seulement 17 centres d’AMP ayant eu recours à cette technique en 2022 (tableau AMP95).

Le recours à la MIV est en déclin. En 2022, 74 tentatives ont été effectuées, aboutissant à 28 transferts embryonnaires et 4 accouchements, comparativement à 123 tentatives, 54 transferts et 10 accouchements en 2019 (tableau AMP97).

 

Tableau AMP95. AMP avec maturation in vitro : Répartition des centres ayant pratiqué cette technique selon leur activité de 2019 à 2022
Tableau AMP96. AMP avec maturation in vitro : répartition de l'âge des femmes à la ponction de 2019 à 2022
Tableau AMP97. AMP avec maturation in vitro : grossesses, issues de grossesses et accouchements selon la technique de 2019 à 2022
Tableau AMP98. AMP avec maturation in vitro : issues d'accouchements de 2019 à 2022

De façon classique, un traitement d’hyperstimulation ovarienne contrôlée est administré dans les tentatives de FIV avant la ponction d’ovocytes. Toutefois, certaines fécondations in vitro sont réalisées sans hyperstimulation ovarienne contrôlée préalable ou avec au plus une stimulation très douce visant à obtenir un développement pauci folliculaire voire mono folliculaire.

Proposés dans des situations particulières où l’hyperstimulation est considérée comme inefficace ou dangereuse, ces cycles « naturels », représentent 512 tentatives (tableau AMP100), soit environ 0,86% des fécondations in vitro de 2022. Le recours aux cycles « naturels » est en augmentation constante, soit une augmentation de 8,9 % par rapport à 2021 (470 cycles) et de 32,3 % par rapport à 2019 (387 cycles).

La technique paraît peu efficace mais elle est souvent proposée comme alternative à l’arrêt de la prise en charge. En 2022, toutes techniques confondues, les taux d’accouchement par transfert d’embryons frais et d’embryons congelés sont respectivement de 19,3% et 20,3% (tableau AMP100).

Les cycles « naturels » ont permis en 2022, la naissance de 48 enfants (tableau AMP101).

Tableau AMP99. AMP avec cycles naturels : répartition de l'âge des femmes à la ponction de 2019 à 2022
Tableau AMP100. AMP avec cycles naturels : grossesses, issues de grossesses et accouchements selon la technique de 2019 à 2022
Tableau AMP101. AMP avec cycles naturels : issues d'accouchements de 2019 à 2022