Les 35 centres actifs répartis dans 13 régions et autorisés[14] pour l’activité de don d’ovocytes (figures AMP15) ont effectué 943 prélèvements d’ovocytes qui ont abouti à un don en 2022. Ces dons peuvent être présentés en trois catégories :
- Les dons de femmes ayant cédé une partie de leurs ovocytes au cours d’une tentative d’AMP, minoritaires (0,3% en 2022, N=3) ;
- Les dons de femmes ayant déjà procréé, avec 48,7% des dons (N=459 en 2022) ;
- Les dons de femmes n’ayant jamais procréé, majoritaires et représentant 50,9% des dons (N=480 en 2022). Par ailleurs, l’ouverture depuis 2021 à l’autoconservation sans indication médicale a pour conséquence la dissociation complète entre don d’ovocytes et autoconservation chez les femmes n’ayant pas procréé en 2022, alors qu’en 2021 encore 40,5% des femmes nullipares donneuses d’ovocytes associaient leur don à une autoconservation. En effet, la loi relative à la bioéthique du 2 août 2021 a modifié les activités de recueil des ovocytes en vue de don. Auparavant, les femmes n’ayant jamais procréé pouvaient demander à conserver une partie des ovocytes prélevés pour elles-mêmes. Depuis la loi, une ponction d’ovocytes ne peut conduire qu’à une seule finalité. Une donneuse d’ovocytes ne peut pas, dans le même temps, autoconserver des ovocytes pour raison non médicale (Chapitre Autoconservation non médicale des gamètes). Ceci pourrait expliquer l'augmentation modérée du nombre d’ovocytes inséminés ou injectés par tentative (5,7 en 2022 vs 5,5 en 2021).
Après plusieurs années d’augmentation de la part des femmes n’ayant pas procréé dans la population des donneuses d’ovocytes (+56% entre 2018 et 2021), 2022 est la première année où la majorité des dons est réalisé par cette population de femmes.
Le nombre de prélèvements d’ovocytes en vue de don de 2022 a augmenté de 2,5 % par rapport à 2021 (943 en 2022 versus 920 en 2021). Si l’on compare aux données antérieures à la crise sanitaire de 2020, ce chiffre est supérieur de 12,9% au nombre de donneuses de 2019 (835 donneuses en 2019) confirmant l’évolution favorable du nombre de donneuses.
En 2022, une ponction de donneuse a permis en moyenne la réalisation de 1,5 tentatives d’AMP pour les couples et femmes non mariées receveurs (tableau AMP35). Ce ratio est stable depuis 2018.
Toutefois, le nombre de dons d’ovocytes reste insuffisant pour répondre à la demande. Ceci est en partie lié au fait que, depuis la nouvelle loi de bioéthique, les couples de femmes et les femmes non mariées y ont également accès, augmentant la demande pour ce type de dons. On recense à la fin de l’année 2022, 3 328 couples ou femmes non mariées inscrits, en attente de don d’ovocytes, ce qui représente une augmentation de 6,9% par rapport à 2021 (3 111 couples et femmes non mariées en attente en 2021). Cette augmentation des demandes non honorées (6,9%) est importante malgré une augmentation du nombre de prélèvements d’ovocytes, les délais de prise en charge pour bénéficier d’un don d’ovocytes rendant peu probable la réalisation de celui-ci pour les couples de femmes ou les femmes seules en 2022. Cependant, ces résultats sont à interpréter avec prudence, la mise à jour des listes étant parfois difficile. En effet, il n’existe pas de liste d’attente nationale, ainsi, pour augmenter ses chances d’être pris en charge, un même couple ou une femme non mariée a pu s’inscrire dans plusieurs centres, et réaliser son projet parental ailleurs, en France ou à l’étranger, ou encore avoir interrompu sa démarche, sans pour autant en avoir informé le centre. De même, certains couples ou femmes non mariées se dirigent d’emblée vers un don d’ovocytes à l’étranger, sans avoir préalablement été inscrits auprès d’un centre autorisé en France. Les demandes d’accord préalable auprès du centre national de soins à l’étranger (CNSE) augmentent chaque année et étaient pour l’AMP de 2 740 en 2022 avec 1925 avis favorables[15]. Les demandes d’AMP avec don d’ovocytes représentaient 47% des avis favorables de prise en charge rendus en 2022.
En outre, le nombre annuel de nouvelles demandes acceptées, stable par rapport à l’année 2019, est depuis 2021, inférieur au nombre de couples ayant bénéficié d’une AMP avec don d’ovocytes (1 358 contre 1 584 en 2022). Le nombre croissant de couples ou de femmes non mariées bénéficiant d’une AMP avec don d’ovocytes peut être expliqué par la hausse du nombre de donneuses et l’amélioration des taux succès de l’AMP avec don d’ovocytes. Par ailleurs, 562 enfants sont nés vivants pour 943 dons en 2022. Il nait donc en 2022 0,6 enfant pour un don réalisé. Ce résultat demeure insuffisant et interroge sur la pratique non harmonisée des critères de répartition des cohortes ovocytaires pour pallier la ressource insuffisante.
[14] https://www.agence-biomedecine.fr/Autorisation-des-centres
[15] Source : rapport d’activité 2021 du CNSE
Les deux cartes proposées ci-dessous de la répartition géographique des activités de prélèvement des donneuses et de transfert pour les couples et les femmes non mariées receveurs sont superposables, la gestion du don (recrutement et prélèvements ovocytaires chez les donneuses) et l’attribution, la mise en fécondation et le transfert embryonnaire (chez les couples receveurs) sont encore le plus souvent contemporains et réalisés dans le même centre d’AMP qui dispose des autorisations clinique et biologique nécessaires à l’activité de don d’ovocytes (figures AMP15 et AMP16).
Parallèlement à l’évolution des prélèvements d’ovocytes en vue de don de 2022, on constate une augmentation du nombre de tentatives[16] d’AMP avec ovocytes de donneuses (+5,2% par rapport à 2021, + 34% par rapport à 2019, tableau AMP2), en raison du recours à la congélation embryonnaire et en moindre mesure à la vitrification ovocytaire.
Les 2 818 tentatives réalisées en 2022 ont permis la naissance de 562 enfants (figures AMP17, AMP18 et AMP19, et tableau AMP42).
En outre, on observe :
- Un recours minime à la technique de FIV (hors ICSI) par rapport à l’ICSI pour le don d'ovocytes : seules 22 (0,3% en 2022, chiffre stable par rapport à 2021) mises en fécondation ont été réalisées à partir de cette technique au cours de l’année 2022. La technique d’ICSI a toujours été majoritaire, son recours s’impose dans le cadre d’une utilisation d’ovocytes préalablement vitrifiés, et permet une distribution équitable, des ovocytes matures obtenus après décoronisation.
- Une stabilité du nombre d’ovocytes injectés et du nombre d’embryons obtenus par ovocytes congelés : on dénombre en moyenne 5,6 ovocytes injectés par tentative, permettant d’obtenir un embryon dans 71 ,3% des cas (tableau AMP40).
- Une augmentation du nombre de décongélations d’embryons issus d’ovocytes de donneuses (+ 15,5% par rapport à 2021, figure AMP19), expliquée par la stabilité de la pratique de la congélation embryonnaire (38,6% en 2022 tableau AMP40) en lien avec le développement des transferts mono-embryonnaires (70,3 % des transferts d’embryons frais et 88,7 % des transferts d’embryons congelés).
- Une stabilité des tentatives réalisées à partir d’ovocytes dévitrifiés en 2022 par rapport à 2021 (tableau AMP35, 29,2% en 2022 ; 28,8% en 2021).
- Une stabilité des chances de procréer après transfert d’embryon frais (ICSI : en 2022, 23,2% d’accouchements par tentative contre 24% en 2021, tableau AMP37). Une hausse des taux d’implantation (28,1% en 2022 contre 24,3% en 2021, tableau AMP40) permet le maintien des chances de procréer, en parallèle de l’augmentation importante en 2022 de la part des transferts mono-embryonnaires (2022 : 70,3% ; 2021 : 55,3%).
La part des accouchements d’enfants nés après un transfert d’embryons congelés représente plus de la moitié du nombre total d’accouchements depuis 2020 (56% en 2022 (n=315), 48,9% en 2021 (n=260), figure AMP19, et tableau AMP42).
[16] Mises en fécondation et décongélations d’embryons







